Ginevra de’ Benci, peinture sur bois, cm. 38,8×36,7, National Gallery of Art, Washington, c. 1475
Le tableau, déjà dans la collection Lichtenstein de Vienne, est l’œuvre du jeune Léonard, pas encore âgé de vingt-cinq ans et gravitant toujours autour de l’atelier de Andrea del Verrocchio. Comme l’attestent les sources anciennes (Antonio Billi, Anonimo Gaddiano, Vasari), Léonard a peint le portrait de Ginevra de’ Benci, qui épousa à l’âge de 17 ans, Luigi di Bernardo di Lapo Nicolini en 1474. Il est donc raisonnable de penser que le portrait ait été réalisé pour cette occasion, en 1474 ou peu après.
Par ailleurs, ce petit et précieux tableau est un répertoire de symboles onomastiques et de louanges à la jeune fille représentée ici. La végétation épineuse qui se trouve derrière le portrait représenté est un maquis de genévrier, une plante augurant du bien et faisant allusion au nom de la femme. Au dos du tableau, trois plantes s’entrelacent pour former un blason : une branche de genévrier au centre, une feuille de laurier à gauche, un palmier à droite, respectivement symboles de gloire (laurier) et de vertu (palmier). Pour commenter le trophée symbolique, un parchemin en latin déclare “virtutem forma decorat” (la beauté orne la vertu). Une technique picturale très fine caractérise le tableau rendant les incarnés évanescents. La critique a reconnu les acquis de Léonard à ce stade de sa jeunesse à l’égard de la peinture flamande, en particulier envers Van Eyck, qui était certainement connu dans les collections des magnats florentins (Gombrich, 1964 ; Salvini, 1984).