La Dame à l’hermine (Cecilia Gallerani), huile sur bois, cm. 54,8×40,3, Collection Czartoryski, Cracovie, vers 1488-89
Une femme, très jeune, très belle, d’un rang social élevé, comme en témoignent ses habits, ses bijoux et sa coiffure, ne nous adresse pas son regard mais tourne légèrement la tête comme si la présence ou les mots de quelqu’un l’aient soudainement distraite et à la fois intéressée. Il y a quelque chose de passionné et d’inquiet dans le brusque mouvement de cette femme qui rompt la pose avec une tendre véhémence. Entre ses bras, elle serre une hermine, un petit fauve vivant, vibrant et cruel. Il faut observer de près la bestiole que la dame caresse, la splendeur électrique de sa fourrure blanche, la grâce féroce du museau triangulaire pour comprendre la grandeur de Léonard lorsqu’il étudie et représente la nature vivante.
La Dame à l’hermine (désormais les experts n’ont pas de doute sur son identité) est Cecilia Gallerani peut être à l’âge de 19 ou 20 ans. Elle appartenait à l’élite aristocratique milanaise de ces années et fut la maitresse du Duc Ludovic Sforza, dit Le More, auquel elle donna un fils. Les documents nous disent que Cecilia fréquentait la cour et que pendant quelques années elle fut très intime avec le Seigneur de Milan. Ici, elle se limite à caresser son duc, l’homme qu’elle aimait mais qu’elle savait ne pas pouvoir épouser. En effet, la bestiole que Cecilia garde sur ses genoux est Ludovic Le More même qui, en 1488, avait été décoré par le Roi de Naples de l’ordre de chevalerie de l’Hermine. Le tableau, documenté dans la Collection des princes Czartoryski dès la fin du 18ème siècle, fut probablement acquis en Italie.