Adoration des Mages
Récemment restauré par l’Office de la Pierre Dure à Florence et rendu aux Offices en 2017, c’est un tableau inachevé parce que Léonard de Vinci, qui s’est transféré à Milan en 1482, le laissa incomplet. Il s’agit d’un grand croquis, minutieusement imaginé et traité dans chaque partie et qui pouvait prévoir, en cours d’œuvre, des intégrations et des rectifications. Au lieu de confier ses idées à des dessins sur papier, selon la coutume de l’art, Léonard les livre directement sur le tableau déjà préparé pour le dessin pictural.
L’Adoration des Mages était destinée à l’autel de l’église de San Donato a Scopeto, une église officiée par les chanoines réguliers de Saint Augustin. La pensée théologique d’Augustin, qui voyait dans l’Épiphanie l’universalité de l’appel étendu à tous les peuples de la terre, est donc le thème dominant. Léonard imagine qu’une vague humaine se renverse aux pieds de la Vierge et s’organise autour d’elle en forme de cercle, comme un tourbillon aquatique qui a son centre d’attraction et de repos dans l’Enfant assis sur les genoux de la Mère. L’arrière-plan du tableau, toujours réalisé avec la fluidité graphique et la rapidité d’exécution d’un carnet de notes, est rempli d’épisodes de différentes sortes. A droite, des scènes de chevaux et d’hommes qui s’affrontent au combat (idée germinale pour la future fresque de la Bataille d’Anghiari au Palazzo Vecchio de Florence). Sur la gauche sont représentées des architectures dont une partie est en ruines et une partie en cours de restauration et de reconstruction. Selon des études récentes d’Antonio Natali (2002, 2016), le thème est celui de la prophétie d’Isaïe (Isaïe 7, 14 et Isaïe 60, 4, 6-7) sur la venue du Christ Sauveur destiné à apporter la paix sur terre et à construire, sur les ruines du vieux, le nouveau monde.