La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne
La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne, peinture sur bois, cm. 168×130, Louvre, Paris, vers 1513 Le tableau a été vu en octobre 1517 par Antonio de Beatis dans l’atelier de Léonard de Vinci au château de Cloux, à Amboise. Plus tard, apporté en Italie avec l’héritage perdu de Francesco Melzi, il fut découvert en 1629 à Casale Monferrato par le cardinal Richelieu qui le donna (1636) au roi Louis XIII de France. Léonard de Vinci a longuement médité sur le thème de la Sainte Famille et en particulier sur les femmes (grand-mère Anne, mère Marie) qui veillent avec amour et inquiétude sur le petit Jésus. La première pensée, vers 1500, Léonard de Vinci l’avait exprimée dans le dessin avec Sainte Anne, la Vierge, Jésus et Saint Jean aujourd’hui à la National Gallery de Londres. Dans ce tableau, l’iconographie de la Sainte Famille subit une ultérieure évolution.
Il n’y a pas Saint Jean, mais à sa place il y a l’agneau, figure symbolique du sacrifice de Jésus (l’agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde). L’Enfant Jésus embrasse l’agneau, préfigurant presque son destin de victime sacrificielle. La Madone, qui en est consciente, serre contre elle son fils comme pour l’éloigner de son destin. Mais Sainte Anne, qui est une figure de l’Église, veille à ce que le sacrifice de Jésus soit accompli et, avec cela, la rédemption de l’humanité. Les figures sont affectées par un mouvement circulaire, rotatif, entièrement maniériste contre un vaste territoire caractérisé par des roches scintillantes, des brumes, des étendues. Comme l’affirme Pietro Marani (1989), un tableau comme celui-ci serait difficile à expliquer sans les études de Léonard de Vinci sur les figures en mouvement dans l’espace, sans les recherches préparatoires à la fresque perdue de la bataille d’Anghiari dans le Salon dei Cinq-cents du Palazzo Vecchio à Florence.