Le Cénacle, peinture murale, cm. 460×880, Réfectoire de Santa Maria delle Grazie, Milan, terminé en 1498

Devant le Cénacle de Léonard de Vinci à Milan, la première chose dont il faut être conscient, c’est l’état extrêmement dégradé dans lequel ce chef-d’œuvre nous est parvenu. Au lieu d’utiliser les méthodes du « buon fresco » florentin, Léonard mit en place une technique particulière impliquant l’utilisation de la détrempe mélangée à l’huile afin d’obtenir des effets naturalistes de suggestion particulière

De là un processus de dégradation progressive qui a forcé des générations de restaurateurs à intervenir, des maîtres du XVIII siècle aux plus modernes Cavenaghi et Pelliccioli jusqu’à Pinin Brambilla, auteur entre les années 80 et 90 du XX siècle, de la dernière grande restauration. En fait, il est juste de dire que parmi les chutes de couleur, les rajouts et les rénovations, peut-être moins de 50% de la peinture originale de Léonard se trouve sur le mur de Santa Maria delle Grazie. Le thème iconographique est ordinaire dans les réfectoires conventuels ou monastiques. Plus que l’institution de l’Eucharistie, la peinture de Léonard représente le moment où le Christ dit “L’un de vous me trahira”. Les paroles du Christ provoquent chez les Apôtres assis à table, stupeur et agitation, une série de mouvements à la fois physiques et psychologiques. Les figures des Apôtres sont regroupées trois par trois et c’est comme si une tempête spirituelle agitait les pensées et les sentiments des personnes présentes. C’est le seigneur de Milan Ludovic le More qui voulut et qui finança l’intervention de Léonard dans le réfectoire de Santa Maria delle Grazie, en demandant la conclusion de la fresque qui eut lieu (le témoignage est de Luca Pacioli) en 1498. Au-dessus de la Cène, sont en effet clairement visibles les sceaux de la famille Sforza dans des guirlandes de fleurs et de fruits. Les sceaux ont été mis à jour en 1854 à l’occasion de la restauration par Stefano Barezzi.